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13 octobre 2022 4 13 /10 /octobre /2022 11:33

Pour moi, le livre le plus original, personnel, d’Étienne PERROT s'intitule Coran teint, sous titré le livre rouge, (Ed. La Fontaine de Pierre). C'est un ouvrage auquel s'appliquent de nombreux qualificatifs : alchimique, prophétique,  onirique, symbolique, poétique. L'auteur l'a divisé en vingt-cinq "sourates"destinées à emmener le lecteur, par un chemin proche du surréalisme, vers une transmutation poétique au sens originel du terme : celle des "artistes" alchimistes grecs qui se donnaient le nom de poïêtai, c'est à dire poètes.

Le titre Coran, veut dire "prédication". La teinture est la teinture alchimique. Mais Perrot, adepte de "la langue des oiseaux" chère aux alchimistes, fait aussi dans ce titre allusion à l'évêque semi -légendaire Corentin ami du roi d'Ys, la cité engloutie de Cornouaille, ceci parce que Perrot était d'Audierne dans le Finistère.

Je vous ai choisi, difficilement car il y en a tellement qui me plaisent, un extrait qui parle de l'Amour, un sujet  qui m'est cher.

        "Quel est le secret de Jung ? C'est le secret d'amour, pratiquement baptisé par lui "transfert", dont il a publié les images puissantes gravées par un alchimiste du XV° siècle et incluses dans Le Rosaire des Philosophes. Elles peignent les phases de l'union de l'homme et de la femme, des deux parties de l'être, les approches, le dépouillement des vêtements, l'entrée dans le bain de la transformation, l'union nuptiale, la mort qui s'ensuit, la naissance de l'androgyne et, pour finir, les symboles de l'accomplissement : la reine, le roi, la résurrection du Christ et le couronnement de Marie - la matière : mater-materia - par la Sainte Trinité. Ces noces transformantes sont le cœur du dialogue alchimique restauré par Jung, mais, mystérieuses et secrètes par essence, elles demeurent ignorées de la plupart au profit d'aspects plus voyants de l’œuvre intérieure, et surtout plus descriptibles par la raison. Mais comment cette oeuvre pourra-t-elle aboutir sans l'agent qui, seul, opère la transformation : le feu secret des alchimistes, feu qui est l'amour éclairé, ou, ce qui revient au même, la conscience empreinte d'amour ? Les images intérieures défileront alors en une ronde sans fin, sans conduire l'être vers son centre, siège de l'amour qui l'attire, aimant des sages. "

Étienne PERROT, Coran teint, p. 52.  

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19 février 2018 1 19 /02 /février /2018 16:58
J'ai retrouve ce beau poème d'Étienne Perrot et c'est avec plaisir que je le partage aujourd'hui avec vous.
 
Oh! mon esprit ne veut plus être,
            Nature, que ton pur témoin.
            Je ferai taire tout désir
            pour t'écouter dans le silence. 
 
            Ayant ainsi creusé le gouffre
            j'atteindrai le fleuve du fond.
            A son heure il se changera
            en un geyser irrésistible.
 
            Sa substance qui est la tienne,
            remplira toute ma vision,
            me courbant en miroir du monde,
            sphère où les étoiles se jouent.
 
            Le silence qui m'effrayait
            s'est fait chœur des dix mille voix.
            De la gorge où j'ai disparu
            surgit le nouvel univers.
 
            On me l'avait dit : je le vois !
            La mort est mère de la vie,
            pauvreté engendre richesse,
            ignorance est le grand savoir.
           
                 Étienne  PERROT, 1973
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4 février 2017 6 04 /02 /février /2017 15:04
Je vous propose aujourd'hui une poésie alchimique de Perrot extraite de ce que je considère comme son ouvrage le plus "personnel", Coran teint, éd. la Fontaine de Pierre, p. 327. J'ai l'impression en lisant ce poème que le Jung que j'ai toujours considéré comme on poète refoulé s'exprime par les mots de Perrot. Atteindre le fond, se dessécher pour renaître à la fois le même et un autre, telle est la prière de l'alchimiste. 
   Ariaga.
  
                               Chant de matines de l'alchimiste 
 
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            Oh! mon esprit ne veut plus être,
            Nature, que ton pur témoin.
            Je ferai taire tout désir
            pour t'écouter dans le silence. 
 
            Ayant ainsi creusé le gouffre
            j'atteindrai le fleuve du fond.
            A son heure il se changera
            en un geyser irrésistible.
 
            Sa substance qui est la tienne,
            remplira toute ma vision,
            me courbant en miroir du monde,
            sphère où les étoiles se jouent.
 
            Le silence qui m'effrayait
            s'est fait choeur des dix mille voix.
            De la gorge où j'ai disparu
            surgit le nouvel univers.
 
            On me l'avait dit : je le vois !
            La mort est mère de la vie,
            pauvreté engendre richesse,
            ignorance est le grand savoir.
           
                 Étienne  PERROT, 1973
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10 août 2015 1 10 /08 /août /2015 19:07

En hommage au Coran teint d’Étienne PERROT

La "langue des oiseaux", au sens alchimique, et comme expression onirique, est une manière de regarder, et surtout d'écouter, les mots autrement que dans leur sens logique. Pour les alchimistes elle avait comme synonyme la "cabale phonétique", c'est à dire une transmission par le son, non conceptuelle, comme celle des oiseaux.Cette transmission n'est pas seulement perçue par l'oreille mais par le cœur et elle est du domaine de l'inspiration.

Cette langue des oiseaux nous rappelle que l'alchimie, qui se faisait parfois appeler "art de musique", attache une grande importance à la musique. Témoin, Michel Maïer, joignant des fugues, dont il donne la notation, à chacun des emblèmes et discours de son Atalante Fugitive. L'iconographie alchimique, quand elle représente le laboratoire de l'alchimiste, montre souvent des instruments de musique exprimant l'harmonie et la musique céleste accompagnant l'aboutissement du Grand Œuvre.

La langue des oiseaux fait éclater, parfois comiquement, le mot. Perrot nous dit que le mot se "dilate" et "éclate de rire. On le ressent, on l'entend alors d'une manière euphonique qui lui donne un autre sens que celui qu'il semble avoir dans la phrase. C'est ainsi, en particulier pour les rêves, qu'une nouvelle signification émerge des profondeurs de l'inconscient en passant la barrière du langage qui est le code indispensable à la compréhension du rêve. En utilisant cette langue des oiseaux, certains rêves "absurdes" trouvent leur sens profond. Par exemple, si vous avez dans un rêve une curieuse tomate qui n'a rien à y faire mais que "la tomate" vous gazouille à l'oreille "l'automate", vous partirez peut-être sur une autre piste pour interpréter votre rêve.

Certains poètes, les surréalistes par exemple qui écoutent une mystérieuse voix qu'ils appellent l'inspiration, paraissent parfois aligner des mots insensés. Ils chantent, eux aussi surpris par les mots qui coulent de leur plume, la langue des oiseaux. Lisez les à haute voix, jouez avec leurs mots et vous les entendrez autrement. Mais il est vrai que le Poète est alchimiste. La boucle est bouclée. ( clé )

Ariaga (Ariane Callot)

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 15:00

Etienne PERROT, lié à C. G. JUNG, par la chaîne d'or de l'alchimie spirituelle, écrit dans son ouvrage Coran teint, un court chapitre qui s'intitule "la parole retrouvée". La recherche de la parole perdue est une quête que Perrot mène jusqu'à l'idée, le ressenti, d'un souffle, d'une émanation du principe spirituel de l'univers. Ce souffle, certains l'entendent comme un cri et le Coran teint est souvent un écho de ce cri. Mais le cri doit parfois devenir silence, confidence secrète de l'esprit qui parle à l'esprit. C'est le moment de la retraite et aussi de "communiquer la vie secrète à ceux qui ont entendu le cri pendant le temps de la manifestation". Perrot, choisit la forme poétique pour nous transmettre le secret, qui lui a été murmuré, de la loi de l'amour :

Je vous ai appelés et vous avez répondu.

Vous avez subi l'ébranlement de la voix,

aussitôt vous avez su 

son exigence totale

et plus d'une fois vous l'avez accueillie dans la crainte.

Maintenant il faut venir là où je suis,

là où me tient Ce qui m'a saisi,

et cela ne peut advenir

que dans le lourd silence

de la marche à travers l'épaisse Ténèbre. 

Nous ferons ensemble un pas après l'autre.

Nous ne nous préoccuperons pas de comprendre

la raison qui place cette étape après la précédente

C'est assez de la vivre telle qu'elle est,

d'en voir défiler les images et les émotions en paix, 

de savoir que ces images, ces émotions, anciennes peut-être et inquiétantes,

sont à mille lieues de la répétition stérile

et que le sens les transfigure :

quelle qu'en soit la nature, nous en sommes enrichis.

Ainsi peu importe

que la nuit s'étende au coeur du printemps. 

Le printemps éternel est né dedans,

et les pousses qui y germent

sont mères de tant d'autres pousses. 

Amour, universel agent,

feu aux couleurs multiformes,

voici sans crainte et sans réserve,

ceux à qui ta loi s'est imposée.

Et ta loi est toi-même, amour, amour, amour

      J'ai noirci certains passages pour partager avec vous ma lecture, mes émotions, et tenter de vous les faire partager.

Ariaga

 

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